Ou un documentaire au titre évocateur pour un pur moment de rafraîchissement intellectuel. A travers ce voyage entre diverses communautés vivant en quasi auto-gestion, Pierre Carles tente de nous démontrer que le travail et la consommation ne sont pas les ultimes buts de chaque être humain.

Un sujet particulièrement sensible, puisque tous les représentants politiques et syndicaux sont bien tous en accord sur un point : le chômage est un fléau, il faut en conséquence donner du travail à tout le monde. D’autres plus aventureux invoqueront le but ultime de cette religion : relancer la croissance par la consommation. Travaillons à tout prix pour gagner de l’argent, dépensons-le en consommant des biens ou services futiles, ou encore mieux, endettons-nous pour consommer. Question simple : êtes-vous sûr de sortir gagnant de ce système ? Pourquoi alors ne pas changer de vie ?

Pour compléter ce qu’expose ce film, voici quelques idées en vrac.

Tout d’abord ne pas travailler ne veut pas dire être inactif. Cela a bien été démontré dans le documentaire. Il me semble important d’apprendre à s’occuper autrement que par un travail salarié et développer constamment de nouvelles compétences pas forcément utile pour le monde du travail, mais pour soi.

C’est amusant d’ailleurs de constater que les travaux manuels ont disparu progressivement de l’école pour laisser une plus grande place à des disciplines beaucoup plus abstraites.

Pour apprendre à être autonome, rien de tel pourtant d’être un touche à tout, et d’être au moins capable de construire soi-même quelques meubles, voir sa maison ou encore faire pousser quelques légumes. L’autonomie, ça semble décidément aussi ringard que ma digression sur ce documentaire.

D’ailleurs, encore une parenthèse. Dernièrement, Ségolène Royal faisait part d’un témoignage d’un homme qui se levait tous les matins en laissant entendre à son fils qu’il se rendait au travail, alors qu’il était au chômage,. La réponse à ce genre de cas doit-elle forcément être une offre d’emploi ? Ou bien peut-on imaginer que nous changions de mentalité ? Finalement, quel mal y a-t-il à ne pas travailler ? Avant que ce brave homme retrouve un emploi, je me poserais d’abord la question de la culpabilité. Pourquoi est-ce si honteux, et d’où son fils tire l’idée que son père est un raté s’il n’a pas de travail. Nous devons réformer notre façon de voir et de vivre le travail, cela me semble pourtant une évidence.

Une chose m’angoisse constamment. Imaginez-vous vous réveiller un jour, faire un constat sur votre vie, et vous rendre compte que ce que vous avez accompli dans votre parcours professionnel, ça ne rime à rien. Vous vous fichez éperdument de ce que les différentes entreprises dans lesquels vous avez travaillé ont pu devenir, et de toute façon, vous n’étiez pas un décideur. Et puis votre travail n’était pas intéressant. De plus, le jour de votre départ, seuls quelques collègues sont restés pour le pot. Depuis vous n’avez pas de nouvelles.

Ma vision est que l’idée comme quoi nous devons travailler à tout prix pour vivre est un concept bien aliénant. Ça ne mène individuellement à rien. Il me semble pourtant admis qu’à choisir entre faire un boulot de con, même bien payé, ou laisser faire une machine à notre place, le choix est vite fait. Je pense ici aux caissières de je ne sais plus quel supermarché qui souhaitaient garder leur emploi. On comprend tout à fait qu’elles aient besoin de vivre, mais enfin c’est peut être aussi le moment de faire un travail un peu plus enrichissant non ?

La liberté de disposer de son temps n’a pas l’air d’être une idée à la mode. Personnellement je pense que c’est la seule vraie liberté, et le seul moyen d’accéder à l’accomplissement de soi, et donc au bonheur.

Bien sûr, une partie d’entre vous va trouver ça ringard, ou bien « d’un autre temps ». « Les barbus-chevelus qui se la coulent douce en Ardèche, on a bien vu que ça ne marchait pas ». (Surtout toujours répondre à ce genre de questionnement anarco-bolchévique par quelques poncifs qui prêtent à rire, ce n’est pas très argumenté mais ça marche).

Mais quoi que vous pensiez des communautés agricoles et autres expériences autogestionnaires, je reste intimement persuadée d’une chose, c’est que je ne serais jamais heureuse dans ma petite vie de salariée à faire des GIFs animés pleins de lapins turquoises. Et ça me parait bien moins idiot d’occuper son temps à construire sa propre maison et cultiver son champ.

A ce moment de votre lecture, vous vous dites sûrement que ma logorrhée est pleines de lapalissades et de niaiseries, et que le p’tit vin italien enfilé après ma vision de ce film au MK2 Beaubourg (un cinéma qui s’évertue à passer tous les films ovnis en semaine à 11h du matin, rendant leurs visions totalement inaccessibles aux travailleurs lambda) m’a décidément bien tapé sur le système.

Je vous réponds par une autre idée bien simpliste mais tellement importante à garder en tête : on n’a qu’une putain de vie. Et cette année c’est sûr, j’entreprends quelque chose de différent. Affaire à suivre…