lundi 6 février 2006

Lewis Trondheim dans le 20 minutes

C'est l'histoire d'un mec qui fait de la bédé pour les gens qui n'aiment pas la bédé. Je l'ai découvert en 1998-1999 grâce un vieille ami (salut à toi JLG) qui m'a prêté Moins d'un quart de seconde pour vivre. Pourtant pas très branchée bandes dessinées, j'ai dévoré l'ouvrage et me suis procurée tout ce qu'il avait déjà fait. Depuis, Moins d'un quart de seconde pour vivre est devenu mon cadeau d'anniversaire favori, mon "best-to-offer"(*). Je me lasse jamais de le relire !

trondheim à Angoulême

Récompensé par le grand prix du festival d'Angoulême 2006, Lewis Trondheim est à présent sollicité par tous les médias. Mais c'est aussi l'histoire d'un mec qui déteste les journalistes, et qui leur fait bien sentir. Quand le 20 minutes, journal gratuit dont 80% des lecteurs ne parcourent que l'horoscope et le Sudoku, tente de lui sous-tirer une interview, ça donne ça :

Trondheim dans 20 minutes
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Assez fendard non ? Maintenant que vous cernez un poil le personnage, laissez-vous tenter par ma petite sélection. Je n'ai volontairement pas mis ses BD parues chez Dargaud, je les trouve nettement moins drôle. A noter que pour ceux qui ne connaissent pas ; la plupart des bonnes bédés concept sont chez l'Association. Tout n'est pas au top, ya du bien chiant, ya du bien nul, mais ya aussi du Johann Sfar (je le présenterais certainement dans un autre billet).

Commençons par le fameux Moins d'un quart de seconde pour vivre. Déjà, je suis une adoratrice des digressions OuLiPienne (ouvroir à littérature potentielle) initiées par Raymond Queneau et François Le Lyonnais en 60. J'ai même crée mon propre Ou-x-po à l'âge de 13 ans ! l'OuLiTraMuPo (l'ouvrage à Littérature Traduite en Musique Potentielle). Un Ou-X-Po complètement naze et parfaitement inutile. Bref, Moins d'un quart de seconde pour vivre est une oeuvre OuBaPienne terriblement drôle. L'auteur joue de 8 cases identiques répétées à travers l'album et ne change que les bulles. Il construit ainsi une histoire fascinante mêlant un rocher question, un gars demi-enterré sous la terre et un crapaud blasé.

Trondheim - Moins d'un quart de seconde pour vivre
Moins d'un quart de seconde pour vivre, avec J-C. Menu, L'Association, 1990

Deuxième choix (par ordre de préférence), Gare Centrale. On se croit plongé dans un rêve, avec toutes les frustrations, blocages, non-sens, boucles, propre à nos délires de gros dormeurs. Les gens disparaissent précipitamment, les quais sont inaccessibles, les haut-parleurs assourdissent les passants et s'arrêtent net à chaque fois qu'une destination va être prononcée. Le coup de crayon de Duffour "à la Eisher" y est pour beaucoup dans la réussite de la BD.

Trondheim - Gare centrale
Gare centrale, avec J-P. Duffour, L'Association, 2001

Désoeuvré est paru l'année dernière sur lemonde.fr. Via ce récit autobiographique, l'auteur nous livre ses problèmes existentiels sur son métier d'auteur de BD. Je ne sais pourquoi, mais souvent les oeuvres les plus intéressantes (à mon goût) sont celles qui parlent de l'oeuvre. Comme un film sur les cinéastes ou l'écriture d'un scénario, où un poème sur la panne de la feuille blanche.

Trondheim - Désoeuvré
Désoeuvré, L'Association, 2005

Pour la route... Une dernière petite BD minimaliste très réussie, Mister O. Simple, mais efficace.


Mister O, Delcourt, 2002

(*) J'pense que ce genre de propos doit le déprimer au plus haut point, donc j'en rajoute une couche, huhu :)

dimanche 15 janvier 2006

Les mots à la con ou comment parler pour ne rien dire

Nous sommes tous des victimes des mots à la con, qu'on se le dise. Qu'ils prennent racine dans nos tics de langage ou qu'ils soient le signe de notre abrutissement le plus profond, les mots à la con se glissent dans notre logorrhée journalière. Vous savez, celle qui nous pousse à parler de sujets à la con dont on ne connaît rien, à des personnes qui ne savent répondre que des lieux communs.

  • Ecologie :
Affirmation idiote : A cause de l'homme, la planète se réchauffe, c'est l'hallu, on va finir par tous brûler.
Expression passe-partout : c'est clair, mais Vanessa, on meurt tous un jour tu sais.

  • Sexualité :
Intox à "ça se discute" : L'homme perd sa virilité, il met des crèmes et cocotte à donf. La métrosexualité gagne du terrain.
Surréalisme doublé d'une connerie sans nom : C'est certainement à cause des pesticides rendant nos hommes stériles qu'ils choisissent une autre orientation sexuelle.

  • Politique :
Laissez-passer à un argument débile : Si Sarkozy passe en 2007, on assistera à un véritable séisme dans la vie politique française.
Tiens, qu'on parle du loup : En même temps, au jour d'aujourd'hui, c'est le seul qui fait quelque chose. Et puis mon beau-frère s'est fait braqué sa gourmette par un sauvageon, ya plus d'saison.

C'est ainsi que naquis une idée démente dans la tête du talentueux Pierre Merle : écrire un livre sur ces mots (en gras, dans le texte). Aucun sujet n'est épargné et surtout pas les blogs ! Les journalistes et politicards en prennent également pour leur grade à travers de vastes sujets comme l'économie à deux vitesses, la boboïsation, l'utilisation d'expression bouche-trou de type entre guillemets jusqu'aux centaines de mots novlanguiens comme l'immobilisme actif, le terrorisme light, l'égalité positive ou bien l'électeur citoyen.

En somme, un régal pour nos pauvres petits esprits critiques. Ceux qui me côtoient savent que cette ouvrage occupe désormais une place de choix dans mon sac, prêt à être brandi tel un petit livre rouge.

les mots à la con


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