jeudi 7 juin 2007

Génération Y, le cauchemar des RH

En cherchant de l’info sur les X et Y, je suis tombée sur plusieurs sites de ressources humaines faisant état du « problème » des Y. J’ai ri tellement je me suis reconnue dans leurs descriptions.

Commençons par Benjamin Chaminade. Il définit l’entrée des Y dans le monde du travail en 7 points. Deux extraits :
    La fin des réunions : Ecrire un email est déjà trop long, […]. Impatients dans leur langage, ils n’attendent pas un changement lent et régulier mais instantané ! Une réunion sera considérée comme improductive si elle dure plus de 15 minutes. « Quoi ? Encore une réunion aujourd’hui ? Pourtant nous nous sommes vus à la machine à café ce matin ! »

    La fin des questions : Mettons cela sur le compte de l’arrogance de la jeunesse mais il devient difficile d’avoir une oreille attentive tant ils sont sûrs d’avoir déjà la réponse. En réalité, il y a de fortes chances qu’ils aient effectivement la réponse. Une newsgroup, un forum ou un tchat online aura suffi. « Non boss, je ne suis pas d’accord, selon l’étude de l’ADEME, que j’ai trouvée sur le forum cyberacteur, l’électricité est le moyen de chauffage le plus polluant ! »

J’ai beaucoup aimé également les inquiétudes des rédacteurs de cadresonline.com. :
    Et bien entendu, la culture et les comportements de ces jeunes déroutent les recruteurs et dérangent les DRH. Un malaise profond et mal vécu par nombre de professionnels des ressources humaines, qui tentent, tant bien que mal de s'adapter.

Quant Ă  la toile des recruteurs, mĂŞme combat :
    Bref, la génération Y désire des conditions de travail sur mesure : horaires flexibles, formation continue, année sabbatique, congés familiaux, garderie en milieu de travail, liberté et, surtout, autonomie. Demander autant, ça ne s’est jamais vu.

Encore un extrait d’un manager offusqué :
    Ce ne sont plus aux jeunes diplômés de devoir faire leurs preuves mais aux managers ! Par exemple, les premiers à souffrir en ce moment sont les cabinets d’audit qui ont poussés à l’extrême le système « presse citron » faisant l’apologie du stress, des délais de réaction instantanés et des horaires de travail à rallonge.

Mais encore :
    L’importance de ces critères a évolué. Si les jeunes diplômés veulent gagner de l’argent, ils attendent d’abord de s’épanouir. L’enrichissement n’est plus la première motivation comme il a pu l’être dans les années 80. Cette demande d’épanouissement demande aux managers d’être plus cool et de guider plus que de contrôler pour alléger le système hiérarchique.

Mais rassurons nos recruteurs. Les Y sont dit également plus autonome et plus prompt à travailler en équipe. Habitué dès leur plus jeune à âge à utiliser un ordinateur et les outils de communication, ils sont rapides, efficaces, et s’adaptent très facilement aux nouveaux outils.

(la suite dans un prochain billet...)

lundi 4 juin 2007

Génération X, génération Y

Parmi les tentatives de classification des être humains, il en est une que je reconnais bien sympathique, c’est la classification par génération.

Elle va dans le sens de la fracture culturelle, qui peu à peu supplante (ou complète) le concept de fracture sociale et de luttes des classes (sociales).

Les baby-boomers, ça, vous connaissez. D'après nombre de sociologues, ils mettent la société au dessus de tout. Ainsi pour nos cinquantenaires, Le bonheur s’atteindrait par le travail et la réussite sociale, mettant l'accomplissement de soi au second plan.

Mais que savez-vous des générations X et Y ?

Génération X, idéal spatial, désillusions et cynisme.

Selon Wikipedia, il s’agirait des occidentaux nés entre 1961 et 1981, mais certains s’accordent pour dire qu’en France ce serait entre 1964 et 1977 ou entre 1961 et 1978 (rien est clair pour la classification française).

Enfants, ils avaient la tête dans les étoiles. La révolution manquée de 1968 a fait d’eux des apolitiques convaincus, bien plus préoccupés par la conquête de l’espace et le progrès des sciences et des techniques.

Philippe Katerine, digne représentant des X, est l’auteur d’une chanson qui résume bien l’état d’esprit des jeunes garçons de l’époque.



A la télévision, ils ne juraient que par Albator, Capitain Flamme et Ulysse 31. Adolescent, la conscience d’être une génération minoritaire, écrasée par les baby-boomers, inhibe toute forme de révolte constructive. Touchés de plein fouet par le chômage, le SIDA, les rêves d’enfants s’envolent, l’esprit punk se généralise. No futur et tout l’toutim, qui n’aboutiront qu’à quelques échauffourrées et un sentiment d’être exclus d’avantage.

Adulte, le X est un être désabusé. Il ne croit pas en grand chose, ce sent désespérément nul et prie pour qu’il ne lui arrive rien de pire.

A partir de 1978, arrivent les Y, la génération p’tit con.

L’i grecque, c’est le p’tit frère ou la p’tite sœur du X. Face au complexe d’infériorité du frangin, il affiche une arrogance folle. Déjà, ils ont la chance d’être plus nombreux et profitent du débroussaillage des X. Ils ne croient en rien, même à 8 ans. Ils tiennent tête, se moquent des adultes, sont canaillous comme pas deux.

Pour moi, c’est la génération South Park. On peut se moquer de tout, dans l’excès et avec la ferme intention de ne s’attacher qu’à une seule idéologie, celle de n’en avoir aucune. Dérision est le maître mot de cette génération nourrie aux mangas débiles dont ils reconnaissent aisément leurs bêtises avec une franchise et un recul à faire trembler les X. Le cynisme dépressif des X se fait alors surpasser par tant de désinvolture tranquille.

Alors les vieux, prêt à affronter la génération Y ? Que peut-on espérer de cette génération de cancrelats ? La suite bientôt sur ce blog...

dimanche 3 juin 2007

Volem rien foutre al paĂŻs

Ou un documentaire au titre évocateur pour un pur moment de rafraîchissement intellectuel. A travers ce voyage entre diverses communautés vivant en quasi auto-gestion, Pierre Carles tente de nous démontrer que le travail et la consommation ne sont pas les ultimes buts de chaque être humain.

Un sujet particulièrement sensible, puisque tous les représentants politiques et syndicaux sont bien tous en accord sur un point : le chômage est un fléau, il faut en conséquence donner du travail à tout le monde. D’autres plus aventureux invoqueront le but ultime de cette religion : relancer la croissance par la consommation. Travaillons à tout prix pour gagner de l’argent, dépensons-le en consommant des biens ou services futiles, ou encore mieux, endettons-nous pour consommer. Question simple : êtes-vous sûr de sortir gagnant de ce système ? Pourquoi alors ne pas changer de vie ?

Pour compléter ce qu’expose ce film, voici quelques idées en vrac.

Tout d’abord ne pas travailler ne veut pas dire être inactif. Cela a bien été démontré dans le documentaire. Il me semble important d’apprendre à s’occuper autrement que par un travail salarié et développer constamment de nouvelles compétences pas forcément utile pour le monde du travail, mais pour soi.

C’est amusant d’ailleurs de constater que les travaux manuels ont disparu progressivement de l’école pour laisser une plus grande place à des disciplines beaucoup plus abstraites.

Pour apprendre à être autonome, rien de tel pourtant d’être un touche à tout, et d’être au moins capable de construire soi-même quelques meubles, voir sa maison ou encore faire pousser quelques légumes. L’autonomie, ça semble décidément aussi ringard que ma digression sur ce documentaire.

D’ailleurs, encore une parenthèse. Dernièrement, Ségolène Royal faisait part d’un témoignage d’un homme qui se levait tous les matins en laissant entendre à son fils qu’il se rendait au travail, alors qu’il était au chômage,. La réponse à ce genre de cas doit-elle forcément être une offre d’emploi ? Ou bien peut-on imaginer que nous changions de mentalité ? Finalement, quel mal y a-t-il à ne pas travailler ? Avant que ce brave homme retrouve un emploi, je me poserais d’abord la question de la culpabilité. Pourquoi est-ce si honteux, et d’où son fils tire l’idée que son père est un raté s’il n’a pas de travail. Nous devons réformer notre façon de voir et de vivre le travail, cela me semble pourtant une évidence.

Une chose m’angoisse constamment. Imaginez-vous vous réveiller un jour, faire un constat sur votre vie, et vous rendre compte que ce que vous avez accompli dans votre parcours professionnel, ça ne rime à rien. Vous vous fichez éperdument de ce que les différentes entreprises dans lesquels vous avez travaillé ont pu devenir, et de toute façon, vous n’étiez pas un décideur. Et puis votre travail n’était pas intéressant. De plus, le jour de votre départ, seuls quelques collègues sont restés pour le pot. Depuis vous n’avez pas de nouvelles.

Ma vision est que l’idée comme quoi nous devons travailler à tout prix pour vivre est un concept bien aliénant. Ça ne mène individuellement à rien. Il me semble pourtant admis qu’à choisir entre faire un boulot de con, même bien payé, ou laisser faire une machine à notre place, le choix est vite fait. Je pense ici aux caissières de je ne sais plus quel supermarché qui souhaitaient garder leur emploi. On comprend tout à fait qu’elles aient besoin de vivre, mais enfin c’est peut être aussi le moment de faire un travail un peu plus enrichissant non ?

La liberté de disposer de son temps n’a pas l’air d’être une idée à la mode. Personnellement je pense que c’est la seule vraie liberté, et le seul moyen d’accéder à l’accomplissement de soi, et donc au bonheur.

Bien sûr, une partie d’entre vous va trouver ça ringard, ou bien « d’un autre temps ». « Les barbus-chevelus qui se la coulent douce en Ardèche, on a bien vu que ça ne marchait pas ». (Surtout toujours répondre à ce genre de questionnement anarco-bolchévique par quelques poncifs qui prêtent à rire, ce n’est pas très argumenté mais ça marche).

Mais quoi que vous pensiez des communautés agricoles et autres expériences autogestionnaires, je reste intimement persuadée d’une chose, c’est que je ne serais jamais heureuse dans ma petite vie de salariée à faire des GIFs animés pleins de lapins turquoises. Et ça me parait bien moins idiot d’occuper son temps à construire sa propre maison et cultiver son champ.

A ce moment de votre lecture, vous vous dites sûrement que ma logorrhée est pleines de lapalissades et de niaiseries, et que le p’tit vin italien enfilé après ma vision de ce film au MK2 Beaubourg (un cinéma qui s’évertue à passer tous les films ovnis en semaine à 11h du matin, rendant leurs visions totalement inaccessibles aux travailleurs lambda) m’a décidément bien tapé sur le système.

Je vous réponds par une autre idée bien simpliste mais tellement importante à garder en tête : on n’a qu’une putain de vie. Et cette année c’est sûr, j’entreprends quelque chose de différent. Affaire à suivre…



                 

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